Mardi 24 Novembre, 18:30, Espace Fusterie, entrée libre
par Laurent CHRZANOVSKI Privat-Dozent, Dr. Habil.
Spécialiste de l’éclairage

Plusieurs études ont démontré récemment que la capacité de l’homme à s’éclairer à la tombée de la nuit, possible uniquement par la maîtrise des différentes techniques de l’éclairage artificiel, peut constituer à elle seule un élément de premier ordre pour comprendre l’évolution d’une société.

En effet, l’acte, apparemment banal, d’adopter et d’utiliser une source d’éclairage spécifique, a toujours été conditionné par une multitude de facteurs. La conséquence directe de ce phénomène se lit dans l’inégalité des populations par rapport à l’accès des techniques et les possibilités d’utiliser les meilleures d’entre elles en termes de qualité lumineuse.

En ce sens, une étude historique de l’éclairage artificiel, dans sa dimension globale, aussi diachronique et
interdisciplinaire que possible, peut aboutir à l’obtention d’indicateurs de qualité pour comprendre ou encore
observer, à travers ce prisme nouveau, des phénomènes sociaux et culturels bien plus vastes, comme par exemple
certaines des conséquences de la « globalisation » que nous vivons aujourd’hui.

Aussi, l’analyse de l’évolution des diverses méthodes d’éclairage utilisées à travers les âges peut-elle
révéler le degré de développement, de bien-être et d’interaction entre différents groupes d’une même société ou
entre plusieurs sociétés, mais aussi de distinguer leur propension à rester attachés à des méthodes ancestrales
ou, en revanche, leur capacité de s’approprier des ustensiles ou des usages d’importation.

Mercredi 25 Novembre, 18:30, Espace Fusterie, entrée libre par Daniel GRATALOUP Prof. em. Dr. Arch. Officier des Arts et des Lettres

La lumière est le principal allié des artistes, mais c’est un allié intransigeant. La lumière met en valeur
aussi bien les qualités que les défauts des oeuvres, et cette critique muette incite à rechercher la perfection
dans l’exécution. Nous connaissons, en ce qui nous concerne, trois types de lumière:

  • La lumière solaire qui donne vie aux couleurs, aux sculptures et à l’architecture.
  • À l’opposé, la lumière lunaire qui tue les couleurs et transforme en grisailles sculptures et
    architectures.
  • Enfin, les lumières artificielles qui, aujourd’hui, sont d’une grande variété, mais qui ne peuvent, en
    aucun cas, se substituer complètement à la lumière solaire.

En effet, les lumières artificielles ne sont pas toujours un bon juge pour apprécier les oeuvres d’art dans
leur totalité. Cependant, elles peuvent s’avérer bien utiles dans certains cas : pour apprécier les peintures
rupestres, par exemple, ou certains détails sculpturaux, architecturaux ou structuraux, ne recevant pas la
lumière naturelle.

De nos jours, les présentations « sons et lumières » en nocturne, devant de grandes réalisations
architecturales, offrent souvent un décor saisissant pour la lecture détaillée des façades. De plus, elles
ajoutent deux dimensions à celle de l’éclairage : la dimension historique et la dimension pédagogique.

Nous distinguerons trois principaux effets de la lumière sur les matières, par exemples :

  • les matières qui absorbent la lumière : l’écorce d’un vieux chêne, un champ labouré, une brique, etc.,
    c’est ce que nous appellerons la matité.
  • Les matières qui réfléchissent la lumière : certains feuillages, la porcelaine, un marbre poli, etc., c’est
    ce que nous appellerons la brillance.
  • Les matières qui sont traversées par la lumière : l’eau, l’air, le verre, etc., c’est ce que nous
    appellerons la transparence.

La lumière prend toute sa valeur grâce à son contraire, l’obscurité. Toutes les valeurs intermédiaires sont le
résultat d’un mélange graduel entre ces deux extrêmes. Ces derniers peuvent avoir une connotation symbolique
très importante. Certaines sociétés adoptent pour leur deuil le noir, symbole, pour elles, de l’entrée dans les
ténèbres, alors que d’autres sociétés adoptent, pour leur deuil, le blanc, symbole pour elles de l’entrée dans
la lumière. Les gris, issus du passage de la lumière à l’obscurité, deviendront, dans les expressions
plastiques, des ombres. Les peintres occidentaux savaient bien que pour exprimer la lumière dans leurs toiles,
il fallait avant tout savoir parfaitement maîtriser les jeux d’ombres. Sans ces précieux intermédiaires, bien
dosés, il n’y aurait pas de lecture volumétrique possible. L’existence ou la non existence des ombres dans la
peinture ont donné naissance à deux grandes conceptions spatiales opposées : la première est une conception
spatiale en trois dimensions propres aux civilisations occidentales ; la seconde est une conception en deux
dimensions propres à la Chine et au Japon.

La conception tridimensionnelle de l’espace a le grand mérite d’être évolutive et analytique. Elle repose sur
l’étude objective et réaliste du monde. La conception bidimensionnelle n’est pas évolutive car elle aboutit à
une expression symbolique et stylisée du monde, d’où la tradition de l’observation d’un code. Dans le premier
cas, la tridimensionnalité s’exprime à l’aide de la lumière intimement liée à la couleur, afin de permettre un
rendu volumétrique dans la peinture. Dans le second cas, la stylisation n’étant plus liée qu’au graphisme,
éliminant l’ombre et la lumière, la couleur ne devient plus nécessaire pour l’expression volumétrique. Nous
assistons donc à des rendus symboliques ou le noir et blanc peuvent se suffire à eux-mêmes.

Mercredi 25 Novembre, 18:30, Espace Fusterie, entrée libre
par Daniel GRATALOUP Prof. em. Dr. Arch.
Officier des Arts et des Lettres

La lampe, véritable synthèse des valeurs mystiques du feu, revêt dès sa naissance le rôle de trait d’union
entre l’homme et le divin. Les artefacts exposés dans cette section impressionnent par le florilège de formes
et de couleurs des luminaires religieux, qui sont autant d’hommages rendus par les croyants à travers la flamme
apprivoisée.

Chaque religion se distingue par des luminaires propres, certains nous offrant, par leur forme ou leur
iconographie, de véritables synthèses des éléments fondateurs et des célébrations principales des cultes
auxquels ils appartiennent.

Ainsi, le Judaïsme est représenté par la menora, le chandelier à sept branches, mais aussi par plusieurs
hanoukkas ainsi qu’une lampe de sabbat. Le Christianisme se distingue par les fastueuses lampes de bronze
suspendues ou sur candélabre d’époque byzantine, puis par les porte-cierges médiévaux. Les lumières de l’Islam
brillent à travers de grandioses lanternes en filigrane. Enfin, l’Hindouisme et le Bouddhisme impressionneront
le visiteur par la diversité des représentations sacrées ornant des luminaires dorés de toutes formes.

Sur tous les continents, les religions sont aussi accompagnées de fêtes solennelles auxquelles correspondent
autant de luminaires spéciaux: processions liturgiques, lampes de mariage, lampes de deuil: de l’antiquité à
nos jours, de l’Italie au Mexique, du Niger à l’Inde, lanternes, candélabres et autres lampes permettent de
découvrir l’infinie diversité des formes que revêtent ces prières de lumière.